Philippines Business World magazine: Arts and Leisure

La musique : élément clé de la vie du pianiste Tristan Lauber

Editée par Alicia A. Herrera

Si la poursuite des bandits , la construction de laboratoires sur Mars, la défense de la Terre contre des monstres intergalactiques constituent les rêves professionnels de tous les jeunes garçons, alors ceci suffit pour illustrer le fait que le pianiste Tristan Lauber sort de l’ordinaire.

« Je ne me suis jamais imaginé en train de faire autre chose que de jouer du piano » avoue M. Lauber. « Bien sûr, quand j’étais gosse, je lisais les bandes dessinées, je regardais les films d’action, j’adorais les policiers et le astronautes, mais je n’ai jamais voulu travailler dans ces domaines.  »

« Mon père, qui a une formation d’ingénieur, aurait voulu que je choisisse une profession autre que celle de musicien  » nous a-t-il confié, « mais maintenant qu’il voit que je réussis, il est très fier et ne regrette en rien de m’avoir laissé poursuivre ce que je voulais vraiment faire.  »

Il commence à jouer relativement tard, à neuf ans et sans professeur. Sa mère, voyant son intérêt prononcé pour l’instrument, lui a acheté un piano. Pendant un an, il se contenta de pièces relativement simples. Son instruction formelle commença à l’âge de 10 ans. Sa première prestation publique eut lieu (après un an d’études) à la salle Pollack de l’université McGill. Le concert dont il est question commémorait le 70ième anniversaire du compositeur canadien Otto Joachim. On a ensuite présenté ce spectacle sur les ondes de Radio Canada. Ceci aboutit à l’enregistrement des « Twelve Tone Pieces  » de ce compositeur sur étiquette Radio Canada International.

« Ma mère est une compositrice canadienne connue. Elle fut pour moi une grande influence. Elle ne m’a pas enseigné le piano parce qu’elle est ni pianiste ni professeur. Par contre, elle joua beaucoup pour moi quand j’étais enfant. Elle joua mes pièces classiques préférées. Ceci fut une des raison principales pour laquelle je me suis intéressé à la musique classique  ».

« Je dois remercier également mon père. Il n’est pas musicien professionnel mais il est vietnamien. Comme beaucoup de vietnamiens, il a un fort penchant pour la musique. Lui et tous ses frères jouent très bien la guitare électrique. En fait, ce fut ainsi qu’il a connu ma mère. Il jouait des chansons des Beatles avec son groupe rock dans un bar. C’était les années soixante et il avait les cheveux longs. Bref…  »

« Je lui dois le désir de jouer sur scène. Même s’il n’est pas un professionnel, il a donné des spectacles impressionnants lors des nouvel ans vietnamiens. Il pratiquait pendant des heures dans notre sous-sol. Le volume était si fort que les verres tremblaient sur la table!  »

De nos jours, avec tous les progrès technologiques, le monde de la musique évolue à une vitesse qu’aucune autre génération d’artistes a dû affronter. Un coup d’oeil dans les magasins nous montre que la musique à elle seule ne suffit plus à captiver l’attention de l’auditeur. Certes, elle demeure l’élément fondamental, mais il faut maintenant la commercialiser au sens visuel pour attirer l’auditoire. Tout ceci, concorde M. Lauber, sert à compliquer d’avantage la situation.

« Le monde de la musique subit des changements dramatiques. Il devient de plus en plus difficile pour les artistes classiques de survivre car le marché souffre de plusieurs maux, dont les coûts d’opérations.  »

Malgré tout cela, c’est l’auditoire que l’on considère d’abord. Il faut connaître son marché. Il faut être souple et versatile, mais il demeure néanmoins plus important de conserver son intégrité personnelle, de se trouver sa propre niche selon sa personnalité.

Pour sa tournée aux Philippines, M. Lauber fit un peu de recherches et se contenta d’un programme qu’il trouva accessible à un auditoire de cultures mélangées.

« Le peuple philippin est très musical, et cela m’a toujours impressionné. J’ai passé quelques jours au campus de l’UP (Université des Philippines). J’ai entendu à travers les cloisons plusieurs de leurs chorales. Je suis resté très impressionné. Ils sont très doués. Hier même, on est allés à un restaurant italien. C’était l’anniversaire de deux clients. Ils avaient apporté un enregistrement musical de Happy Birthday. Les serveurs, entre 10 et 15 d’entre eux, ont chanté Bonne Fête aux clients. C’était merveilleux! Cela montre à quel point les Philippins sont musicaux. Ils adorent chanter, ce qui est émouvant à entendre. »

Éventuellement M. Lauber espère ajouter quelques compositeurs philippins à son répertoire. Ceci était son second voyage en Asie mais seulement son premier aux Philippines.